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Patrimoine

«L’école du diable» en sursis

Vue de derrière, la maison de maître expose ses plus beaux atours. L’autre façade est recouverte de béton.
Vue de derrière, la maison de maître expose ses plus beaux atours. L’autre façade est recouverte de béton.

Le 24 juillet dernier, six fenêtres en PVC ont disparu. C’est le dernier épisode de la polémique qui oppose la municipalité de Ham à un groupe d’habitants féru de patrimoine. « L’école du diable » est une maison bourgeoise construite au début du XIXe siècle, elle a pour particularité d’être l’un des rares bâtiments hamois à avoir survécu à la Première Guerre mondiale (voir encadré).

La polémique a débuté en décembre 2016 alors que le maire Grégory Labille (LR) décide de détruire le bâtiment abandonné depuis 5 ans.

« Cette bâtisse a résisté en 1918. Pourquoi est ce que 100 ans après, ils s’obstineraient à la raser ? »

L’objectif est de vendre le terrain nu au bailleur social SIP (Société Immobilière Picarde). Il doit créer 11 logements plain pied adaptés aux personnes âgées. La livraison était initialement prévue pour cet hiver. Les appartements seront probablement terminés plus tard.

Car ce projet n’est pas du goût de tous les habitants, ceux-ci fondent alors l’association Respecth (Respect et sauvegarde du patrimoine et de l’environnement des communes du territoire hamois) qui se donne pour mission de sauver l’ancienne école. «  Cette bâtisse a résisté en 1918. Pourquoi est ce que 100 ans après, ils s’obstineraient à la raser ?  », s’interroge Michel Souchon, antiquaire dans le centre-ville.

Recours devant le tribunal administratif

Le passionné d’histoire dénonce un «  permis de construire entaché d’irrégularités  ». L’association a d’ailleurs déposé un recours contentieux devant le tribunal administratif d’Amiens qui devra trancher sur ces éventuelles failles légales.

Mais la polémique a repris de plus belle avec la disparition des six fenêtres. «  Nous avons vu le maire lors de sa permanence. Il nous a affirmé qu’il avait donné son autorisation pour le démontage des fenêtres. Nous lui avons demandé de les remettre, il a refusé.  » Un manque de sécurité pour Michel Souchon, qui craint des squats et des incendies.

Projet contre projet

Dans cette bataille rangée, l’association a proposé un projet alternatif qui maintient une construction de logements tout en préservant la maison. «  Notre projet coûte 60 000 euros et il permet d’économiser la destruction.  » Celle-ci devrait coûter autour de 100 000 euros selon la mairie.

Contactée, la municipalité n’a pas souhaité s’exprimer. «  On a l’impression d’être face à des gens complètement fermés.  » Pour tenter de sortir de cette polémique, le maire assure qu’il va «  déconstruire  » la maison pour préserver les pierres et certaines parties qui ont une valeur historique.

Une école décriée

Vue de derrière, la maison de maitre expose ses plus beaux atours. L’autre facade est recouverte de béton.

« L’école du diable », plus connue aujourd’hui sous le nom de Maison des syndicats, a été construite dans les années 1830 dans une architecture typique de la région. Elle a appartenu à un particulier, jusqu’à son rachat par la mairie en 1884. Sous l’impulsion des lois Jules-Ferry, l’éducation devient gratuite, laïque et obligatoire.

C’est alors que Ham fait de ce bâtiment le premier établissement scolaire sécularisé de la ville. Les habitants, plutôt hostiles à la laïcité, nomment alors ces classes pour jeunes filles « école du diable ». Il faut dire qu’avant, les femmes du village recevaient une éducation religieuse au couvent.

Rapidement une référence dans la région

Malgré sa mauvaise réputation initiale, l’école devient très rapidement une référence dans la région. Ce succès, on le doit à Stella Vialame, une brillante institutrice qui a donné toute sa carrière à cette institution.

Au siècle suivant, un autre épisode participera à forger la légende de la maison. En septembre 1918, les Allemands sont en pleine déroute. Dépités, ils mettent le feu à la ville, seul 7 % des bâtiments survivront à l’incendie, dont « l’école du diable ». Après la guerre, elle a été un centre de formation des apprentis hamois.

Se fondant sur cet héritage politique et ouvrier, les syndicats s’installent dans la bâtisse avec l’accord de la municipalité entre 1966 et 2011. La maison est inoccupée depuis.


 
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